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L’IA tue les jobs juniors, mais crée un marché pour les experts

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Le rêve d’un premier poste dans la tech s’éloigne pour la génération Z. En 2024, les nouvelles recrues issues des meilleures écoles d’ingénieurs peinent à pénétrer un marché verrouillé par l’IA, les contraintes budgétaires et une nouvelle logique de productivité. Les chiffres sont sans appel les embauches de jeunes diplômés dans la tech ont chuté de plus de 50 % depuis 2019. Le phénomène ne relève plus de l’anecdote mais structure désormais les nouvelles règles du recrutement dans le secteur.

Une génération sacrifiée sur l’autel de l’efficacité

Selon SignalFire, un fonds d’investissement installé à San Francisco, les jeunes diplômés ne représentent plus que 7 % des nouvelles embauches chez les Big Tech et moins de 6 % dans les startups. La part a baissé de 25 % en un an chez les grandes entreprises et de 11 % chez les startups, mais c’est surtout la comparaison avec l’avant-Covid qui alerte avec le volume d’embauche des profils junior qui a été divisé par deux en cinq ans.

Les postes d’entrée de gamme se font rares, et lorsqu’ils sont publiés, ils sont occupés par des seniors. C’est le « paradoxe de l’expérience », pour décrocher son premier job, il faut déjà avoir fait ses preuves.

L’IA élimine les tâches, pas les talents

Contrairement à l’idée reçue, ce n’est pas l’IA qui élimine les jobs en masse, mais ce sont les entreprises qui redéfinissent ce qu’elles attendent d’un recrutement. En automatisant les tâches répétitives ou standards (rédaction, débogage, analyse de données), l’IA permet aux entreprises de réduire la part de travail assignable à des profils junior. Résultat, elles concentrent leurs embauches sur les rôles à haute valeur ajoutée.

Les ingénieurs expérimentés sont devenus le nerf de la guerre. Les Big Tech ont ainsi augmenté de 27 % leurs embauches de profils ayant entre 2 et 5 ans d’expérience. Les startups suivent la même logique, avec une hausse de 14 % sur cette population.

Anthropic, la nouvelle école des talents IA

Dans cette course à l’élite, certaines entreprises tirent leur épingle du jeu. Anthropic, rival d’OpenAI, affiche un taux de rétention de 80 % sur deux ans, loin devant OpenAI (67 %) et Meta (64 %). L’entreprise siphonne littéralement les talents de ses concurrents, avec un rapport de 8 pour 1 vis-à-vis d’OpenAI et de 11 pour 1 vis-à-vis de DeepMind. Sa recette repose sur une culture sans titres, sans micro-management, et centrée sur l’autonomie des chercheurs.

La génération débrouille

Les diplômés sont contraints de réinventer leur parcours. Bootcamps, projets open-source, missions freelance ou contributions communautaires deviennent les nouveaux tickets d’entrée. Ceux qui savent utiliser l’IA n’ont plus d’avantage contrairement à ceux qui savent corriger les erreurs de l’IA. Le débogage du code généré par les machines pourrait devenir la nouvelle compétence rare.

Un pipeline en péril

L’absence de stratégie long terme sur la formation et l’intégration des juniors pose une autre question, qui remplacera les seniors demain ? En s’interdisant de former, les entreprises fragilisent leur propre futur. Le pipeline de talents se vide. Et la logique court-termiste pourrait coûter cher à moyen terme. Reste à voir si ces chiffres se retrouvent en Europe, un projet de prochain sujet. Si vous souhaitez nous partager des informations à ce propos: [email protected]

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